Blakata signifie lâcher prise en diula, une des langues parlées au Burkina Faso. Il s’agit d’un western documentaire tourné avec les cavaliers de Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Les cavaliers burkinabè, nommés «Guerriers» incarnent la puissante tradition équestre du Burkina Faso. L’étalon est l’emblème du pays et de nombreux rituels animistes lui sont liés. Centaures urbains, ils inspirent aussi crainte et méfiance. Les acteurs jouent leur propre rôle, brouillant les pistes entre fiction et documentaire. Parfois ils se racontent devant la caméra, puis ils s’inventent et basculent dans un récit fantasmé. Le tournage est devenu un temps d’intimité partagé entre eux et moi. Le lien de confiance établi nous a permis d’improviser ce récit ensemble.
« Qui suis-je ? demande Papi a son père, dans la maison de ses ancêtres. Papi, jeune cavalier de 7 ans, pose ici tout l’enjeu du film et l’interrogation que Camille Varenne creuse à travers ce western sahélien. «Qui» est un point d’interrogation, une quête initiatique qui se confond avec le mouvement même de l’existance. Et ce «qui» relève da vantage d’un motif musical toujours relatif aux circonstances de son éxecution, que de la permanence d’une identité essentialisée. Cela ne signifie pas pour autant que l’on puisse devenir tout et n’importe quoi, car tout matériau, y compris celui de l’existance, présente des lignes de for ce et des contraintes systémiques. C’est la «matière d’ existence» des cavaliers que Camille Varenne célèbre ici, tout en préservant leur opacité si précieuse, parcequ’elle réserve la possibilité de déjouer toute programmation, y-compris celle de la réalisatrice.» Dénètem Touam Bona, philosophe et poète